Auto-apprentissage à l’intention des professionnels et du personnel allié : Le soutien à la personne tout au long de son parcours de cessation de vapotage

Vous pouvez aider les gens à prendre une décision informée concernant l’usage des produits de vapotage. Vous pouvez utiliser les renseignements ci-dessous pour les aider à cesser de vapoter dès qu’ils y sont prêts.

Sur cette page :

Le vapotage – c’est quoi?

Le vapotage est l'acte d'inhaler et d'exhaler un aérosol produit par un appareil à piles qui utilise du e-liquide (aussi appelé liquide à vapoter). Les principales substances dans ces solutions de vapotage sont la glycérine végétale et/ou le propylène glycol, qui sont généralement mélangés à une variété d'arômes (produits chimiques). Ces liquides peuvent également contenir des niveaux variables de nicotine synthétique ou dérivée du tabac. Les appareils de vapotage peuvent également être conçus pour chauffer d'autres substances, telles que des huiles, du cannabis séché ou des concentrés de cannabis.

Un appareil comporte quatre composants principaux : une pile, un embout buccal, un élément chauffant et une chambre telle qu'un réservoir pour contenir une solution de vapotage. Les appareils se présentent sous bien des formes, tailles et styles. Ils sont passés de sosies de cigarettes et de stylos à des appareils qui ressemblent à des produits de beauté ou à des clés USB. Ils ont de nombreux noms tels que vapes, réservoirs, mods ou cigarettes électroniques (e-cigarettes). Ils peuvent également être connus sous différentes marques.

Le processus de chauffage à l'intérieur du dispositif de vapotage produit un aérosol contenant des produits chimiques, incluant des carbonyles (formaldéhyde, acroléine, acétaldéhyde), des composés organiques volatils, des métaux (étain, argent, nickel, aluminium, chrome, plomb) et des particules (fines et ultrafines), qui peuvent blesser les poumons. Cet aérosol est inhalé par la bouche et les poumons où il est absorbé dans le sang, et l'aérosol restant est expiré.

Vidéo : Le fonctionnement du vapotage

Les composantes d'un dispositif de vapotage

Contenu du liquide de vapotage

Comment cela fonctionne

Consultez l'infographie Vapotage : le fonctionnement sur le site Web de Santé Canada. Pour en savoir plus sur le vapotage, consultez Canada.ca/vapotage.

Les effets de la nicotine

La nicotine, qu'elle soit synthétique (fabriquée en laboratoire) ou dérivée du tabac (de nature végétale), crée une dépendance. La nicotine se trouve dans des produits comme les cigarettes, les cigares, le tabac sans fumée, le narguilé et la plupart des liquides de vapotage, dont beaucoup ont des niveaux de nicotine similaires ou supérieurs à ceux de la cigarette.

Les enfants et les jeunes sont particulièrement vulnérables aux effets de la nicotine. Ils peuvent devenir dépendants de la nicotine plus rapidement que les adultes. La nicotine peut altérer le développement de leur cerveau et affecter leur mémoire, leur concentration et leur autorégulation. La nicotine peut aussi les prédisposer à d'autres toxicomanies. [1]

Les jeunes essayent le vapotage principalement parce qu’ils sont curieux et qu’ils tentent de réduire leur stress. Cependant, la dépendance à la nicotine provoque le stress. Les envies de nicotine sont stressantes parce que le corps commence à subir un sevrage. [2]

Au début, vapoter ou fumer peut faire du bien car la nicotine stimule la production de dopamine dans le cerveau. Le vapotage peut aussi servir d’occasions sociales pour tisser des liens avec d'autres personnes qui vapotent et peut aussi devenir une distraction des situations stressantes. Ces facteurs peuvent être une motivation pour continuer à vapoter. [3]

Cependant, l'effet de bien-être initial de la nicotine s'estompe en quelques heures et peut donner envie de vapoter à nouveau. Une personne qui subit ce sevrage à la nicotine peut avoir des envies ou des besoins de vapoter. Elle peut se sentir irritée ou bouleversée, anxieuse ou déprimée, nerveuse ou agitée et avoir des difficultés à se concentrer. Des changements dans ses habitudes alimentaires et son sommeil peuvent également se produire. [3]

Au fil du temps, il peut devenir nécessaire d'utiliser plus de nicotine plus souvent pour obtenir un effet de bien-être ou pour faire disparaître les symptômes de sevrage. C'est ce qu'on appelle la dépendance à la nicotine. Finalement, ce qui était au début du vapotage pour obtenir une expérience de bien-être se transforme en vapotage pour se débarrasser des symptômes de sevrage. [3]

Ce cycle peut donner l'impression que la nicotine soulage le stress, mais la réalité est que cela ne fait que faire disparaître les symptômes de sevrage et que le cycle continue. [3]

Les effets du vapotage sur la santé

Les effets aigus (à court terme) sur la santé qu’ont signalés les personnes qui vapotent comprennent des étourdissements, une irritation de la gorge, la bouche sèche, une toux et une augmentation du rythme cardiaque et de la tension artérielle. Le vapotage a également été lié à des cas de maladie pulmonaire aiguë, dont certains ont été mortels. [4]

Tel qu’expliqué dans la section ci-dessus, l'exposition chronique aux niveaux élevés de nicotine dans les e-liquides peut altérer le développement du cerveau chez les jeunes, affectant leur mémoire, leur concentration et leur autorégulation. [1]

Bien que les niveaux de produits chimiques toxiques dans les aérosols de cigarettes électroniques soient inférieurs à ceux de la fumée de tabac combustible, un « niveau sûr » d'exposition n'a pas encore été établi. Des études montrent qu'une exposition à long terme à des produits chimiques toxiques comme les aldéhydes (y compris l'acroléine, l'acétaldéhyde et le formaldéhyde) présents dans les aérosols des cigarettes électroniques, peut provoquer des maladies pulmonaires (MPOC, asthme, cancer du poumon), ainsi que des maladies cardiovasculaires (cardiaques). [5] Puisque les produits sont relativement nouveaux, tous les effets à long terme sur la santé restent inconnus. [1]

L’histoire et le marketing des produits de l’industrie du tabac

La moitié des Canadiens fumaient dans les années 1960. À l'époque, l’usage du tabac avait été normalisé parce que le marketing du produit était intégré à de nombreux aspects de la vie. Il a fallu plus de 50 ans pour réduire massivement le taux de tabagisme au Canada, et maintenant 10 % des Canadiens de tous les groupes d'âge fument. En 2021, 4 % des jeunes de 15 à 19 ans fumaient. Les campagnes ont remis en question ce qui était considéré comme normal à l'époque, et des groupes ont plaidé pour des changements, incluant une législation antitabac, des taxes sur le tabac et des restrictions sur le marketing et l'accès des jeunes au produit.

Avec la baisse du taux de tabagisme, les compagnies de tabac ont dû recruter de nouveaux clients pour remplacer ceux qui sont décédés ou qui ont arrêté de fumer. Ils ont donc introduit de nouveaux produits de vapotage conçus pour attirer de nouveaux clients et intéresser davantage les clients actuels.

Les appareils de vapotage ont été introduits sur le marché canadien en 2004. À l'époque, les cigarettes électroniques contenant de la nicotine n'étaient pas légales au Canada. Cependant, l'interdiction n'a jamais été appliquée et les cigarettes électroniques, avec et sans nicotine, ont continué à être promues et vendues dans tout le pays.

Dès 2012, les compagnies de tabac avaient commencé à acheter des marques de vapotage ou à en développer. En 2018, il est devenu légal de vendre des cigarettes électroniques contenant de la nicotine aux adultes canadiens, mais la réglementation n'est pas allée assez loin pour empêcher les jeunes d'utiliser des produits de vapotage.

Aujourd'hui, les produits de vapotage sont commercialisés en termes familiers - comme des produits qu'il est normal de consommer parce que « tout le monde le fait ». Les publicités normalisant le vapotage ciblent particulièrement les jeunes. Comme c'était autrefois le cas pour les produits du tabac, la commercialisation des produits de vapotage valorise le comportement et minimise les effets nocifs. Ce marketing provient de la même industrie qui, en 1994, a menti sous serment lors de son témoignage (article disponible uniquement en anglais), affirmant que selon elle, la nicotine ne créait pas de dépendance.

Des mentions de célébrités, des milliers de saveurs de e-liquides, des emballages colorés et attrayants, des publicités associant l'utilisation des produits à la beauté, au plaisir, à la vitalité et à diverses identités culturelles, tout a contribué à la popularité croissante des vapes, sans parler de l'élégance et des conceptions modernes des appareils de vapotage mêmes et de leurs nombreux accessoires centrés sur les jeunes.

Pourquoi les gens vapotent

L’Enquête canadienne sur le tabac et la nicotine, 2021 suggère que la plupart des jeunes ne vapotent pas dans le but de réduire ou d'arrêter de fumer. Les résultats indiquent :

  • Bon nombre ont déclaré vapoter pour réduire le stress – 33 % chez les jeunes de 15 à 19 ans et 18 % pour tous les âges.
  • Les jeunes de 15 à 19 ans qui ont déclaré avoir vapoté au cours des 30 derniers jours ont déclaré vapoter parce qu'ils aimaient ça (28 %) et parce qu'ils voulaient l'essayer (24 %).
  • Parmi les jeunes adultes de 20 à 24 ans qui ont déclaré avoir vapoté au cours des 30 derniers jours, les raisons les plus souvent invoquées pour vapoter étaient par plaisir (27 %); pour réduire le stress (25 %); ou pour diminuer, arrêter ou éviter de recommencer à fumer (24 %).
  • Plus de la moitié des Canadiens âgés de 25 ans et plus qui ont indiqué avoir vapoté au cours des 30 derniers jours ont déclaré vapoter pour diminuer, arrêter ou éviter de recommencer à fumer (58 %) comme principale raison, tandis qu'un autre 14 % ont déclaré vapoter parce qu'ils aimaient ça.

Populations à surveiller

Les personnes qui fument et vapotent (double usage), les personnes qui fumaient auparavant et qui vapotent maintenant, les personnes enceintes, les personnes vivant avec un trouble ou une maladie mentale, et les jeunes sont vulnérables à des risques accrus.

Les personnes qui fument et vapotent (double usage)

Certaines personnes essaient de cesser ou de diminuer leur consommation de cigarettes en vapotant tout en continuant à fumer quelques cigarettes. C'est ce qu'on appelle le « double usage ». Ce double usage peut devenir troublant comme tendance, car certaines personnes qui vapotent peuvent rajouter au tabagisme au lieu de le remplacer. [6]

Certains craignent que le double usage soit une entrave aux efforts pour arrêter complètement de fumer. [7] Même si quelqu’un diminue le nombre de cigarettes fumées, il n'y a pas de niveau de tabagisme sûr. Cependant, le vapotage est probablement une option moins nocive que le tabagisme si la personne passe définitivement de l’un à l’autre. L'objectif final devrait toujours être d'arrêter de vapoter également, car l'utilisation de cigarettes électroniques peut entraîner une dépendance permanente à la nicotine, soit l'inhalation de substances nocives (quoique moins que le tabagisme) et un risque de recommencer à fumer. [8]

Le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) recommande aux fournisseurs de soins de santé de conseiller aux personnes qui fument et qui vapotent de passer de la cigarette au vapotage seulement. [9] Pour les personnes qui ont cessé de fumer mais qui vapotent encore, les professionnels de la santé peuvent les encourager à arrêter de vapoter. [9] Les personnes qui ne fument pas ne devraient pas commencer à vapoter. [10]

Les personnes qui fumaient auparavant et vapotent maintenant

On craint également que les personnes qui fumaient auparavant et qui vapotent maintenant courent un risque accru de recommencer à fumer des cigarettes de tabac combustible. [11] CAMH recommande que les fournisseurs de soins de santé discutent à la fois des risques (y compris la rechute dans l'usage de cigarettes de tabac et le sevrage de la nicotine) et des avantages de l'arrêt du vapotage avec leurs clients. [9] Tous les clients qui fumaient auparavant et à qui il est conseillé d'arrêter de vapoter doivent être surveillés pour constater une rechute possible à l’usage des cigarettes. [9]

Les personnes enceintes

La sécurité du vapotage pendant la grossesse n'a pas été établie. De nombreuses études ont montré que la consommation de nicotine par les femmes enceintes peut affecter le développement du cerveau, des poumons et d'autres organes du bébé. [12] Les arômes et autres additifs peuvent également être nocifs car ils contiennent des produits chimiques, dont certains sont cancérigènes. [13]

Selon les directives de CAMH, les fournisseurs de soins de santé devraient adopter une approche centrée sur le client et discuter de toutes les options de traitement afin que les clients puissent prendre une décision éclairée concernant les options pharmaceutiques. [9] Malheureusement, il n'existe actuellement aucun accord sur une stratégie de pharmacothérapie recommandée pour les personnes enceintes qui souhaitent arrêter de vapoter. [9]

Personnes vivant avec un trouble ou une maladie mentale 

Bien qu'il n'ait pas été démontré que la nicotine cause directement des problèmes de santé mentale, des études évaluées par des pairs révèlent des liens préoccupants entre le vapotage, la nicotine et l'aggravation des symptômes de dépression et d'anxiété. [14] Des études ont également montré que les personnes qui utilisent actuellement des cigarettes électroniques ont deux fois plus de chances d'avoir un diagnostic de dépression que celles qui n'ont jamais vapoté, et que l’usage de nicotine est associé de façon significative à des niveaux plus élevés de conditions comme le trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité. (TDAH). [14]

Une revue Cochrane a révélé que les personnes qui avaient cessé de fumer pendant au moins 6 semaines présentaient une diminution des symptômes de dépression, d'anxiété et de stress par rapport aux personnes qui continuaient de fumer. Les personnes qui ont arrêté ont également ressenti des sentiments plus positifs et un meilleur bien-être psychologique. [15]

Les jeunes

Face à la baisse de la consommation de cigarettes, l'industrie du tabac a élargi ses lignes de produits pour attirer les jeunes; ceux-ci comptaient des produits modernes, colorés et aromatisés contenant de la nicotine. [16] Des éléments probants montrent que les principales raisons d'essayer le vapotage chez les jeunes sont la curiosité et la réduction du stress. [17] Voilà une tendance préoccupante, car les jeunes sont particulièrement vulnérables aux effets de la nicotine qui peut altérer le développement de leur cerveau, affectant la mémoire, la concentration et l'autorégulation. [1] Cela peut également les prédisposer à la dépendance à la nicotine ainsi qu'à d'autres substances. [18]

Accès des jeunes
Chez les jeunes de 15 à 19 ans qui ont vapoté au cours des 30 derniers jours, la plupart (55 %) ont déclaré avoir accédé à des appareils à partir de réseaux sociaux. Les sources sociales comprenaient l'achat auprès d'un ami ou d'un membre de la famille, la demande à quelqu'un d'autre d'acheter l’appareil pour eux et le fait qu'un ami ou un membre de la famille leur donne ou leur prête le leur. [17]

Les écoles sont fortement touchées par le problème du vapotage, car de nombreux élèves vapotent dans les locaux de l'école. Le problème s'est avéré difficile à enrayer car les dispositifs de vapotage sont facilement dissimulés et l'aérosol qu'ils produisent ne déclenche pas d'alarme incendie. De nombreuses écoles ont contacté les autorités de santé publique et d'application de la loi demandant du soutien et des ressources pour les aider à gérer l'épidémie de vapotage.

Nous avons tous un rôle à jouer pour aider les jeunes à prendre des décisions éclairées sur l'utilisation des produits de vapotage. La page Web des Déclencheurs de conversation sur le vapotage du BSEO est une ressource utile offrant des informations que vous pouvez utiliser pour avoir des discussions significatives avec les jeunes sur les effets du vapotage.

Conseils pour cesser de vapoter

Vapoter pour arrêter de fumer

Les preuves ne sont pas claires concernant le vapotage dans le but d'arrêter de fumer. Le vapotage peut s’avérer une approche de réduction des méfaits pour les personnes qui souhaitent arrêter de fumer. Cependant, on s’inquiète que les méfaits accrus chez les jeunes qui n'ont jamais fumé et qui commencent à vapoter dépassent les avantages de la réduction des méfaits des fumeurs.

La réduction des méfaits qui est l'objectif que réclame l'industrie grâce aux produits de vapotage n'est pas convaincante, car les jeunes sont ciblés par le développement et le marketing des produits - plutôt que les fumeurs. Pourrait-il s'agir d'un produit de réduction des méfaits? Peut-être. Mais les personnes les plus touchées sont les jeunes qui n'ont jamais fumé. Les méfaits pour les jeunes ne sont pas acceptables même si le vapotage aide certains adultes qui veulent arrêter de fumer.

Une revue Cochrane a révélé que les cigarettes électroniques contenant de la nicotine aident mieux les gens à arrêter de fumer que la thérapie de remplacement de la nicotine (TRN). [19] Cette même revue a également révélé que les cigarettes électroniques avec nicotine augmentent les taux d'abandon par rapport aux cigarettes électroniques sans nicotine. [19] Cependant, la durée idéale du traitement n'est pas connue. À ce jour, aucun produit de vapotage n'a été approuvé comme produit thérapeutique (aide à l'arrêt) au Canada. [1]

Les personnes qui ont cessé de fumer mais qui vapotent à ce jour, sont également encouragées à cesser de vapoter.

Cesser le vapotage

Étant donné que le vapotage est une tendance relativement nouvelle, une plus grande preuve est nécessaire pour soutenir des interventions efficaces de cessation du vapotage. Le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) a élaboré un guide d'abandon du vapotage destiné à guider les fournisseurs de soins de santé dans le soutien offert à leurs clients qui souhaitent arrêter de vapoter. Ces conseils peuvent également être utilisés par d'autres professionnels non cliniques.

Les recommandations disponibles dans le guide reposent en grande partie sur des interventions adaptées de la cessation du tabagisme et sont basées sur les preuves et l'expertise dans le domaine au moment de son élaboration. Par conséquent, étant donné le peu de données probantes, les recommandations visent uniquement à guider de façon générale. Il n'y a pas non plus d'algorithme clinique ou de directives qui existent actuellement pour l'utilisation de produits de TRN dans l'arrêt du vapotage. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer l'efficacité d'interventions et de traitements de sevrage personnalisés contre le vapotage. CAMH a également publié un document intitulé Pharmacotherapy Recommendations for Vaping Cessation (disponible uniquement en anglais). Ce document peut être un excellent outil pour ceux qui aident quelqu'un à cesser de vapoter car il contient des observations et des recommandations de pharmacothérapie.

Dans les milieux non cliniques (ex. les écoles), des interventions de contact bref peuvent être bénéfiques pour aider les personnes à arrêter de vapoter. Les interventions de contact bref sont des pratiques visant à examiner un problème potentiel lors d'une courte interaction avec un individu. Cela implique des conseils opportunistes, des discussions, des négociations et des encouragements qui peuvent prendre aussi peu que 5 à 10 minutes. Un cadre idéal pour cela est le modèle des 3 interventions – demander, conseiller, agir. Les techniques d'entrevue motivationnelle peuvent également être utiles pour les interactions plus longues.

Quel que soit le contexte, il est important de noter que tous les fournisseurs de soins de santé ou personnel allié doivent toujours utiliser une approche centrée sur la personne lorsqu'ils aident des individus qui souhaitent arrêter de vapoter. [9] Dans la section suivante, des outils utiles pour amorcer la conversation sur l'arrêt du vapotage seront abordés.

Réduction des méfaits

La réduction des méfaits est une approche qui vise à réduire les effets négatifs associés à la consommation d'une substance (c'est-à-dire la nicotine). Lorsque vous soutenez une personne qui choisit d'utiliser de la nicotine, reportez-vous aux Lignes directrices sur l'usage de la nicotine à moindre risque (LDUNMR) pour l'aider à apprendre comment réduire les risques pour sa santé.

Outils et techniques de cessation de vapotage pour soutenir quelqu’un durant son parcours d’abandon

À titre de personnel allié, votre objectif devrait être d'encourager un individu à passer de l'étape de pré-contemplation à l'étape de contemplation dans le modèle des étapes du changement en les reliant aux renseignements et aux outils qui augmenteront sa conviction de pouvoir changer. Les 5 étapes du changement comprennent :

  1. La pré-contemplation : on ne pense pas à arrêter
  2. La contemplation : on pense à arrêter mais on n’est pas prêt (on songe à arrêter au cours des 6 prochains mois ou moins)
  3. La préparation : on se prépare à arrêter
  4. L’action : on arrête ou on diminue
  5. La maintenance : on continue d’arrêter et on évite de recommencer

Les outils et les techniques qui peuvent être utiles à réussir la transition entre les étapes du changement sont présentées ci-dessous.

5 interventions (utilisées en milieu clinique) ou 3 interventions (utilisées en milieu non clinique)

Les 5 interventions – Demander, Conseiller, Évaluer, Aider, Organiser (ou 3 interventions - Demander, Conseiller, Agir) sont le cadre d'intervention brève le plus couramment utilisé pour le sevrage. Ce cadre guide les interactions en exposant les étapes qu'un clinicien ou un membre du personnel allié peut suivre pour identifier les personnes qui fument ou vapotent et pour traiter leur consommation.

  1. Demandez-leur de vous dire pourquoi ils ont recours au tabac/au vapotage. Déterminez et documentez leur statut face au tabac/vapotage.
    • Exemple : « Fumez-vous/vapotez-vous? » Si oui, « Acceptez-vous de me parler un peu de votre usage du tabac/vapotage? »
  2. Conseillez à toute personne qui consomme du tabac/vapote d'arrêter en utilisant une approche claire et sans jugement.
    • Exemple : « La chose la plus importante que vous puissiez faire pour améliorer votre santé est d'arrêter de fumer/vapoter et je peux vous aider. »
  3. Évaluez leur volonté de cesser immédiatement.
    • Exemple : « Êtes-vous prêt à arrêter ou à essayer de le faire au cours du prochain mois si je vous aide? »
  4. Aidez la personne qui consomme du tabac/vapote à développer un plan d'arrêt. Utilisez des objectifs SMART (spécifiques, mesurables, atteignables, pertinents, basés sur le temps) pendant la création du plan individualisé.
  5. Recommandez le counselling comportemental ou des services supplémentaires au besoin. Organisez un suivi avec la personne. Tenez compte de ses défis et ses progrès.
    • Exemple : « Comment gérez-vous vos envies et les situations difficiles? » ou « Avez-vous fait une rechute ou repris vos habitudes de consommation/vapotage? »
  6. Agissez suite à la réponse de la personne. Aidez-la à augmenter sa confiance et à essayer d’arrêter grâce aux soutiens de cessation disponibles et en les référant vers des services supplémentaires appropriés.

Techniques d'entrevue motivationnelle

Lorsqu'une personne souhaite modifier son comportement, les techniques d'entrevue motivationnelle sont des compétences nécessaires avec lesquelles tout prestataire de soins de santé ou personnel allié doit se familiariser.

L'entrevue motivationnelle est une « approche de counseling empathique et centré sur la personne qui prépare les gens au changement en les aidant à éliminer l'ambivalence, à renforcer la motivation intrinsèque et la confiance face au changement. » (Kraybill & Morrison, 2007, traduction libre)

Les questions ouvertes, les affirmations, les réflexions et les sommaires (OARS) sont les techniques d'interaction de base et les compétences utilisées dans l'approche de l’entrevue motivationnelle.

Technique OARS :

  1. Questions ouvertes : Permettent au client/individu d’être celui ou celle qui parle le plus.
    Exemples :
    • Comment puis-je vous aider avec ____ ?
    • Qu'avez-vous essayé auparavant pour faire un changement ?
    • Que voulez-vous faire ensuite ?
  2. Affirmations : Aident à établir des relations, à valider et à soutenir l'individu dans son processus.
    Exemples:
    • Merci d’accepter de me voir aujourd'hui.
    • C'est une bonne suggestion.
  3. Réflexions : Reformulent un énoncé pour saisir sa signification.
    Exemples:
    • Donc, il vous semble …
    • On dirait que vous …
  4. Sommaires : Veillent à ce que tout le monde comprenne la discussion de la même manière et aident à faire ressortir les différences entre la situation actuelle de la personne et ses objectifs futurs.

La pratique de l'entrevue motivationnelle demande au fournisseur de soins ou au personnel allié de développer cinq compétences principales :

  1. Exprimez de l'empathie : Ne portez pas de jugement, écoutez activement et voyez le monde à travers les yeux de l'individu. Comprendre l’expérience de l’individu peut faciliter le changement.
  2. Constatez la différence : Aidez l'individu à percevoir la différence entre le comportement actuel et le changement souhaité au mode de vie. Un individu est plus motivé à changer s'il voit que ce qu'il fait actuellement ne le mènera pas à un objectif futur.
  3. Évitez l'argumentation : Dissipez en douceur la défensive de la personne. La confrontation face à son déni peut la mener à l'abandon et à la rechute. Le fournisseur de soins de santé devrait changer son approche si la personne démontre qu'elle résiste au changement.
  4. Composez avec la résistance : Reformulez la pensée/les déclarations de l'individu, invitez-le à examiner de nouvelles perspectives et à se valoriser comme étant son propre agent du changement.
  5. Favorisez l'auto-efficacité : Donnez de l'espoir, augmentez la confiance en soi de l'individu dans sa capacité à changer de comportement et faites ressortir d'autres domaines où il a réussi.

L’entrevue motivationnelle peut servir à favoriser les tentatives continues d'abandon du tabac /vapotage. Il faudra peut-être plusieurs tentatives pour cesser définitivement. À chaque tentative, des leçons sont apprises et des stratégies peuvent être élaborées et optimisées pour augmenter la probabilité qu'une personne reste sans fumée ni vapotage.

Règle de préparation

Un autre outil utile pour évaluer la motivation d'un individu à changer est la règle de préparation. Les règles de préparation sont conçues pour susciter des discussions sur le changement. Utilisez-les pour explorer l'importance que les individus attachent au changement, ainsi que leur confiance et leur volonté de changer (sur une échelle de 1 à 10).

Exemples:

  • Sur une échelle de 1 à 10, dans quelle mesure est-il important pour vous d'arrêter de vapoter? (10 étant très important)
  • Sur une échelle de 1 à 10, dans quelle mesure êtes-vous sûr de pouvoir arrêter de vapoter? (10 étant très confiant)
  • Sur une échelle de 1 à 10, dans quelle mesure êtes-vous prêt à arrêter de vapoter? (10 étant le plus prêt)

Plan d’abandon

Un plan d'abandon est un ensemble d'étapes qu'une personne peut suivre pour se préparer à un changement de comportement (c'est-à-dire diminuer ou cesser de vapoter). L'élaboration d'un plan d'abandon et sa mise en œuvre peuvent faciliter le processus d'abandon et augmenter les chances de réussite d'un individu. Il y a plusieurs éléments à inclure dans un plan d'abandon :

  • Connaître les raisons de l’abandon
  • Fixer des objectifs SMART (c'est-à-dire spécifiques, mesurables, atteignables, réalistes, opportuns)
  • Savoir gérer les déclencheurs et les envies/stratégies d'adaptation
  • Savoir gérer les symptômes de sevrage
  • Utiliser des produits d’une thérapie de remplacement de la nicotine
  • Établir des stratégies de prévention des rechutes
  • Identifier les soutiens

Une personne peut optimiser son plan en y revenant et en le modifiant au besoin. Certains plans d'abandon du tabac (ex. livret, appli) sont disponibles sur la page Web des Programmes et services de cessation du tabac du BSEO.

Test de Fagerström (e-FTCD)
Le test de Fagerström sur la dépendance à la e-cigarette (e-FTCD) est un outil d’évaluation conçu pour aider à déterminer le niveau de dépendance à la nicotine d'un individu. Il a été adapté du test validé de Fagerström sur la dépendance à la cigarette (FTCD). Des outils d'évaluation de l'utilisation de la cigarette électronique sont disponibles ici (disponible uniquement en anglais).

Ressources supplémentaires

Ressources à l’intention des professionnels des soins de santé pour aider les clients à cesser de vapoter :

Ressources à l’intention du personnel allié pour aider les jeunes et jeunes adultes à cesser de vapoter :

Ressources à l’intention des personnes qui désirent cesser de vapoter:

Autres possibilités de formation

Renseignements supplémentaires

Références

  1. Gouvernement du Canada, Les risques du vapotage, 1 mai 2023. [en ligne]. Disponible : https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/tabagisme-et-tabac/vapotage/risques.html
  2. Smokefree.gov, "Stress & Smoking," [En ligne]. Disponible : https://smokefree.gov/challenges-when-quitting/stress/stress-smoking. [Accessed 09 May 2023].
  3. Truth Initiative, "Nicotine Use and Stress", 1 mars 2022. [En ligne]. Disponible : https://truthinitiative.org/sites/default/files/media/files/2022/03/Nicotine%20Use%20and%20Stress_FINAL.pdf.
  4. C. Pisinger et M. Døssing, "A systematic review of health effects of electronic cigarettes", Preventive Medicine, vol. 69, pp. 248-260, 2014. 
  5. N. L. Benowitz et A. D. Burbank, "Cardiovascular toxicity of nicotine: Implications for electronic cigarette use", Trends Cardiovasc Med, vol. 26, no. 6, pp. 515-523, 2016. 
  6. A. P. Klein, K. Yarbrough et J. W. Cole, "Stroke, Smoking and Vaping: The No-Good, the Bad and the Ugly", Ann Public Health Res, vol. 8, no. 1, p. 1104, 2021. 
  7. Truth Initiative, "E-cigarettes: Facts, stats and regulations", 15 juin 2021. [En ligne]. Disponible : https://truthinitiative.org/research-resources/emerging-tobacco-products/e-cigarettes-facts-stats-and-regulations. [Consulté le 1 mai 2023].
  8. Office on Smoking and Health, National Center for Chronic Disease Prevention and Health Promotion, "Adult Smoking Cessation—The Use of E-Cigarettes", 23 janvier 2020. [En ligne]. Disponible : https://www.cdc.gov/tobacco/sgr/2020-smoking-cessation/fact-sheets/adult-smoking-cessation-e-cigarettes-use/index.html. [Accessed 01 May 2023].
  9. Centre de toxicomanie et de santé mentale, Guide d’abandon du vapotage, Février 2022. [En ligne]. Disponible : https://www.nicotinedependenceclinic.com/en/Documents/Vaping%20Cessation%20Guidance%20Resource_FR.pdf. [Consulté le 9 mai 2023].
  10. Gouvernement du Canada, Le vapotage et cessation tabagique,  le 17 février 2023. [En ligne]. Disponible : https://www.canada.ca/en/health-canada/services/smoking-tobacco/vaping/quit-smoking.html. [Consulté le 9 mai 2023].
  11. L. A. Barufaldi, R. L. Guerra, R. d. C. R. d. Albuquerque, A. Nascimento, R. D. Chança, M. C. d. Souza et L. M. d. Almeida, "Risk of smoking relapse with the use of electronic cigarettes: A systematic review with meta-analysis of longitudinal studies", Tobacco Prevention & Cessation, vol. 29, no. 7, pp. 1-10, 2021. 
  12. B. D. Holbrook, "The effects of nicotine on human fetal development", Birth Defects Research (Part C), vol. 108, no. 2, pp. 181-192, 2016. 
  13. Mayo Clinic, "Is vaping during pregnancy OK?", le 24 mars 2023. [En ligne]. Disponible : https://www.mayoclinic.org/healthy-lifestyle/pregnancy-week-by-week/expert-answers/vaping-during-pregnancy/faq-20462062. [Consulté le 9 mai 2023].
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